
Selon les chiffres de la Dares publiés début septembre, le service des statistiques du ministère du Travail relève que le nombre de jeunes ayant intégré la voie de l’alternance en 2016 a augmenté de 1,9 %, par rapport à 2015. Au total, 288 700 jeunes sont entrés en apprentissage l’an dernier. Alors que la hausse en 2015 dans le secteur privé (+0,4 %) avait été essentiellement due aux recrutements d’apprentis mineurs dans les entreprises de moins de 10 salariés, l’augmentation en 2016 repose sur les embauches d’apprentis en formation de niveau bac + 2 ou plus dans des entreprises de 10 salariés ou plus (+5,6 %).
L’intérêt de l’apprentissage se confirme
En 2015, sous l’impulsion de la mise en place de l’aide « TPE jeunes apprentis », la hausse des recrutements était tirée par les entreprises de moins de 11 salariés. En 2016, les embauches reprennent dans les entreprises de 10 salariés et plus et sont particulièrement dynamiques dans les entreprises de 50 salariés et plus (+4,4 %). La hausse des recrutements dans les entreprises de 50 salariés et plus se traduit par une hausse des apprentis de niveau baccalauréat ou supérieur à la signature de leur contrat.
Les contrats en alternance en baisse dans le secteur des CHR
En France, on estime que, sur plus de 400 000 contrats d’alternance, au moins 25 % d’entre eux sont rompus avant la fin. Ce chiffre grimpe même dans certains secteurs, comme l’hôtellerie-restauration où 38,5 % des contrats d’alternance sont rompus. Après la hausse de 2015, les embauches de jeunes en formation d’alternance ont fortement baissé en 2016 (-5,8 %) dans le secteur des industries hôtelières notamment dans les TPE de moins de 10 salariés.
Près d’un tiers des contrats n’arrivent pas à leur terme
28 % des contrats d’apprentissage commencés au cours de la campagne 2014-2015 (juin à mai) ont été rompus avant leur terme.
Ce « taux de rupture brut » est plus faible pour les contrats de moins d’un an (14,5 %) et plus élevé pour les contrats d’une durée comprise entre 13 et 24 mois (32 % pour les contrats entre 13 et 23 mois et 38 % pour les contrats de 24 mois), qui sont les plus nombreux.
La grande majorité des ruptures interviennent avant un an. Près d’un tiers des ruptures ont lieu au cours de la période d’essai (les 2 premiers mois du contrat) et 11 % dans les deux derniers mois du contrat ou après l’obtention du diplôme. Le taux de rupture hors période d’essai et hors rupture en fin de contrat s’élève à 17 %.
Des apprentis plus diplômés
D’après la Dares, les embauches d’apprentis préparant un diplôme de niveau bac +2 ou plus sont en hausse de +5,3 % par rapport à 2015. Ainsi, l’an passé, un apprenti sur deux était diplômé du baccalauréat à la signature de son contrat. En revanche, les entrées en formation de niveau CAP (-1,1 %) et baccalauréat ou brevet professionnel (-1,3 %) sont en baisse. Cette baisse s’inscrit dans une tendance de long terme, explique la Dares, due à la baisse de l’emploi dans les métiers traditionnels de l’apprentissage, que sont les métiers de l’hôtellerie-restauration et du bâtiment…
Les jeunes du secondaire se détournent de l’apprentissage
Une étude conjointe de l’Insee et de la Dares, publiée en juillet dernier, montre que les jeunes du secondaire se détournent de plus en plus de l’apprentissage notamment des métiers traditionnels et artisanaux. Ainsi, depuis 2008, le nombre annuel d’entrées en apprentissage de la seconde à la terminale a diminué de 24 %, alors que celui des étudiants du supérieur a progressé de plus de 48 %. Les auteurs de l’étude relève que « 80 % des élèves de troisième ont désormais 13 ou 14 ans au début de leur année scolaire (contre 66 % il y a dix ans). À ces âges, la poursuite d’études dans l’enseignement général paraît souvent préférable pour des jeunes qui n’ont pas forcément la maturité, le goût ou la mobilité suffisante pour entrer dans une entreprise ». Enfin, « malgré les multiples campagnes de communication, l’apprentissage continue de souffrir d’une image négative », ajoutent les auteurs.
Un calendrier pour une énième réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage
L’exécutif vise une adoption définitive « à l’été » 2018 de sa prochaine réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage, dont le projet de loi arrivera au Parlement « au printemps » après une concertation avec les organisations syndicales et patronales de six mois, a indiqué le Premier ministre Édouard Philippe. « Les concertations sur l’apprentissage et la formation professionnelle avec les partenaires sociaux commenceront en octobre pour un projet de loi et un plan d’action qui seront présentés à la session de printemps 2018 au Parlement », a également précisé le chef du gouvernement. Il s’agit de la troisième réforme de la formation professionnelle en moins de cinq ans portant sur un dispositif jugé trop onéreux, complexe et inadapté aux besoins. En 2015, le droit individuel à la formation (DIF) avait laissé place au compte personnel de formation (CPF), lui-même intégré dans le compte personnel d’activité (CPA) début 2017.
Source : le service des statistiques du ministère du Travail
Changer l’image de l’apprentissage
Par une lettre de mission du 10 octobre, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, confie à Sylvie Brunet, présidente de la section Travail et Emploi du Conseil économique, social et environnemental (Cese), la mission de «présider la concertation sur la réforme de l’apprentissage qui se déroulera de fin octobre à fin janvier 2018».
Cette concertation «réunira l’ensemble des acteurs de l’apprentissage», notamment les régions et les partenaires sociaux, et devra «proposer des pistes d’amélioration significatives».
Muriel Pénicaud charge Sylvie Brunet de rendre «un rapport de synthèse à la mi-février», qui «aura vocation à alimenter le projet de loi sur la réforme de l’alternance et de l’apprentissage qui sera présenté au Parlement à la mi-avril 2018».
Les raisons fréquentes des ruptures de contrats en alternance
Les causes les plus fréquentes d’une rupture de contrat d’alternance sont :
» La mauvaise orientation d’un élève.
» Le manque d’encadrement lors de la formation professionnelle.
» La mauvaise intégration au sein de l’équipe.
» Le manque de contact entre l’entreprise et l’organisme de formation.
» Le manque de reconnaissance des maîtres d’apprentissage.
Enquête sur les causes de ruptures des contrats en alternance
Le Fafih (OPCA/tourisme/hôtellerie/restauration) a réalisé une enquête sur la mesure et l’analyse des taux de rupture dans les dispositifs de formation en alternance (enquête menée d’août à octobre 2016 auprès de 1 754 apprentis et 894 bénéficiaires d’un contrat de professionnalisation).
L’organisme constate que l’enquête fait émerger deux leviers d’une alternance réussie qui permettent de diminuer le taux d’abandon : la construction d’un parcours professionnel et l’accompagnement du candidat.
Cette étude réalisée sur le périmètre précis des établissements du secteur des industries hôtelières et des diplômes et certifications préparant aux métiers du secteur, donne des indications intéressantes sur les taux des ruptures constatées dans les entreprises.
Les taux de rupture en apprentissage
Le taux de rupture brut, c’est-à-dire la proportion d’alternants ayant rompu leur contrat avant la date de fin prévue, est de 45 %. Le taux de rupture net (abandon) qui correspond à la proportion d’apprentis ayant rompu leur contrat sans avoir obtenu leur diplôme et ne reprenant pas un contrat d’alternance en moins de 180 jours après la rupture, est de 27,5 %.
Parmi les 45 % des apprentis inscrits sur un cursus préparant aux métiers du secteur qui rompent leur contrat avant la date de fin prévue, environ 4 sur 10 retrouvent un contrat dans les 6 mois. Les autres abandonnent le dispositif.
Les taux de rupture en contrat de professionnalisation
Le taux de rupture brut de jeunes inscrits sur un cursus préparant aux métiers est de 33 %, le taux d’abandon c’est-à-dire de rupture sans reprise d’un contrat en alternance dans les 6 mois, est de 21 %.
Après une rupture, un certain nombre d’alternants reprend un contrat d’alternance après avoir travaillé par exemple une saison, ou après s’être réorienté.
Repérer les facteurs suscitant la rupture
L’enquête montre que le niveau d’abandon est principalement lié au déficit de construction du parcours. Le taux de rupture est plus élevé parmi les candidats plus fragiles, plus jeunes, moins diplômés et qui ne sont pas dans une démarche de construction de parcours.
Les facteurs les plus fréquents sont les suivants :
» La construction du parcours et la motivation : moins le parcours est réfléchi et motivé, plus le risque de rupture augmente. Ce phénomène témoigne souvent d’un processus de tâtonnement lié à la découverte du marché du travail par des jeunes sortant du système scolaire sans aucune expérience professionnelle.
» L’âge et le niveau de formation avant l’entrée dans le dispositif. Plus l’alternant est jeune et peu diplômé et plus le taux de rupture est élevé. Or, dans le secteur, 63 % des apprentis ont un niveau infra-bac soit près de 10 points de plus qu’en moyenne (54 %) nationale, tous secteurs confondus.
» La durée de la formation. Les formations les plus longues exposent davantage au risque de rupture.
» La taille des entreprises qui accueillent les jeunes. Les TPE apparaissent moins armées pour encadrer l’alternant et éviter les ruptures. Or, le secteur est très majoritairement constitué de TPE.
La nécessité de suivre le taux d’abandon et non le taux de rupture
Après une rupture, un certain nombre d’alternants reprend un contrat d’alternance dans les 6 mois, après avoir travaillé par exemple une saison, ou après s’être réorienté. Le taux d’abandon de l’alternance est nettement plus faible que le taux de rupture. C’est ce chiffre de l’abandon qui est plus intéressant à observer que le chiffre des ruptures. Le taux d’abandon pour les contrats d’apprentissage est de 27,5 % et pour les contrats de professionnalisation de 21 % ; soit une proportion d’un quart d’abandons pour les deux dispositifs confondus. Parmi les abandons, 15 % sont liés à une embauche, en grande majorité dans le secteur.
Des alternants satisfaits de leur expérience
Les alternants expriment une grande satisfaction sur leur expérience en alternance et l’importance qu’ils accordent au suivi du maître d’apprentissage, du tuteur et à la complémentarité du suivi entre l’organisme de formation et l’entreprise. 92 % des apprentis recommandent leur cursus à leur entourage, 78 % sont satisfaits du suivi du maître d’apprentissage.
Source : Communiqué du Fafih actualités
https://www.fafih.com/actualites/enquete-sur-les-ruptures-dans-les-dispositifs-de-formation-en-alternance